Le Japon a demandé à l'Union européenne d'abolir les droits de douane sur des produits industriels comme l'automobile et l'électronique, tandis que l'Union demande au Japon d'éliminer les droits de douane sur les produits agricoles transformés tels que le fromage. On peut se demander si l' « invasion » de produits industriels japonais en Europe serait compensée par l'exportation de fromage. Mais il faut en discuter de façon transparente. Dans le cadre des relations industrielles France-Japon, il semble que des perspectives intéressantes, d'un intérêt égal pour les deux parties, puissent être concrétisées.
La carte des Etats-Unis
Ceci dit, il faut bien voir que le Japon, pour des raisons stratégiques, joue tout autant la carte des Etats-Unis que la sienne. Les deux pays voudraient en effet unir leurs forces pour combattre l'expansion chinoise dans le Pacifique. Ce serait d'abord au plan économique et diplomatique que la chose se ferait. Mais très vite, il s'agirait de mettre en place une Otan asiatique, rassemblant sous la tutelle américaine un certain nombre d'autres pays qu'inquiéterait la puissance chinoise, y compris au plan militaire.
Le Japon fera ce qu'il veut en ce domaine. S'il accepte de servir de front avancé aux Etats-Unis, ce sera son affaire. Mais en aucun cas les Européens ne devraient se laisser engager dans une croisade contre la Chine qui ne dirait pas son nom, analogue à la croisade contre la Russie que leur a imposé Washington.
Rappelons que pour beaucoup de diplomates et d'industriels, c'est au contraire un rapprochement EuroBRICS qu'il faudrait poursuive, les BRICS étant en priorité représentés par la Chine et la Russie. Les Etats-Unis feront tout ce qu'ils pourront pour rendre impossible un tel rapprochement. Le Japon qui ne fait pas partie des BRICS, les y aidera. La France pour sa part devra choisir. De bonnes relations avec la Chine sont tout aussi importantes pour elle que de bonnes relations prétendues « sécuritaires » avec le Japon. On ne voit pas en quoi Japon et Europe pourraient concrètement partager des intérêts « sécuritaires ».
Les objectifs d'un approfondissement des relations franco-chinoises avaient d'ailleurs été rappelés lors de la récente visite du Premier ministre chinois à l'Elysée. Les bonnes paroles de Shinzo Abe à l'égard de l'Europe et de la France ne devraient pas le faire oublier.